Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ma vie, son blog

Ma vie, son blog

Certaines histoires sont vraies. D'autres pourraient l'être. Et enfin, il faudrait être fou pour croire le reste véridique...


NaNoWriMoi 2016 : Day#19

Publié par Victor Ladou sur 19 Novembre 2016, 10:40am

Catégories : #NaNoWriMo

Jour 19 : Epistolaire
Correspondance avec moi-même ou les avantages de la schizophrénie
 
« Cher Gator,
 
Je t’écris cette lettre pour te raconter ce qu’il m’est arrivé ce matin quand je suis allé acheter une baguette de pain pas trop cuite.
 
Je me suis levé comme tous les matins depuis plusieurs années d’humeur mouffut et je suis allé acheter une baguette de pain pas trop cuite.
Sauf que ce matin, n’était pas un matin comme les autres et je ne me doutais que ma vie allait changer.
 
Je suis arrivé dans ma boulangerie favorite et, pris d’une soudaine envie irrésistible, j’ai décidé de modifier mes habitudes et d’acheter des viennoiseries pour mon petit-déjeuner. J’ignorais encore que ce simple geste anodin allait bouleverser mon existence.
 
Je me suis approché du comptoir et ma boulangère m’a tendu une baguette de pain pas trop cuite que j’ai refusé d’un geste de la main. Je lui ai alors dit que j’allais plutôt prendre des viennoiseries et je lui ai demandé de me donner un croissant, un pain aux raisins et une chocolatine.
 
J’avais très faim ce matin.
 
Avant de continuer mon histoire, il convient que je te parle de ce mouvement extrémiste qui consiste à débattre sans fin sur l’utilisation du terme de chocolatine en lieu et place de celui de pain au chocolat.
 
Tu sais déjà où va ma préférence en la matière, et sinon, tu n’as qu’à relire les quelques lignes que j’ai déjà noircie sur ce papier blanc de format A4 pour t’en convaincre. Je sais que nous avons déjà eu plusieurs discussions sur le sujet et que tu me désapprouve et préfère le terme de pain au chocolat.
 
Mais vois-tu, au moment où j’ai croqué dans mes viennoiseries, je me suis rendu compte de la futilité d’un tel débat qui ne prendra jamais fin. A quoi bon se battre pour savoir qui a raison. Les pains aux raisins sont tellement meilleurs.
 
Je te laisse et j’attends avec impatience ta réponse.
 
Affectueusement ton,
 
Victor LADOU »
 
« Cher Victor,
 
Je trouve ton histoire fort intéressante. On sent tout le drame et toute la tension qui se cache derrière ce cruel dilemme que constitue le changement soudain de tes habitudes auxquelles je te sais si attaché.
 
C’est bien de changer de temps en temps. Même si je sais qu’un de tes leitmotivs est « On a peur du changement. », référence à Garth et à ce fabuleux film qu’est Wayne’s World et qui a bercé une partie de notre adolescence.
 
Je ne te cacherais malgré tout être un peu inquiet par ton changement de comportement et par cette étrange fringale matinale dont tu me parles et qui a influencé ton choix dans l’achat de viennoiseries en plus de ta traditionnelle baguette de pain pas trop cuite.
 
Pour le reste, je retrouve bien le tarnais du nord que tu représentes si bien en parlant de chocolatine en lieu et place de pain au chocolat. Tu sais parfaitement que tu es dans l’erreur et malgré cela, tu t’obstine dans ton entêtement.
 
Je ne rentrerais pas dans ton jeu et me refuse à recommencer un débat que je considère moi aussi stérile. Je suis d’accord avec toi. Les pains aux raisins sont tellement meilleurs que tout.
 
Allez, je te laisse râler quant à mon absence de réaction et je te salue bien bas mon très cher ami.
 
Amicalement ton,
 
Gator. »
 
« Mon très cher Gator,
 
En effet, j’ai râlé que tu ne sois pas tombé dans mon piège, mais c’est aussi là la beauté du jeu.
 
Je dois t’avouer qu’il m’est arrivé une drôle d’histoire. Drôle dans le sens d’étrange et d’inhabituel, et non point dans celui de comique ou d’humoristiques. Je préfère lever d’entrée de jeu tout risque de vaine attente et pour que tu ne sois point trop déçu par mon histoire lorsque tu la liras.
 
Figure-toi que l’autre jour, ce n’était pas plus tard que ce matin d’ailleurs, quand je suis allé récupérer ta lettre au bureau de poste, j’ai rencontré Zoé. Je ne doute pas que tu vois parfaitement de qui je veux parler.
 
Et bien figure-toi que, non seulement elle m’a reconnu et salué, mais elle a aussi engagé la conversation avec moi. Au fil de la discussion, je lui ai avoué que je recherchais un endroit tranquille pour me reposer physiquement et mentalement, les derniers mois ayant été assez éprouvants comme tu le sais.
 
Elle m’a alors chaudement recommandé une petite cabane du côté de Bararkhaamville. C’est un endroit un peu isolé au milieu des bois. On est entouré que par le silence. Il ne fait aucun doute pour elle qu’un séjour là-bas serait fortement bénéfique pour me rétablir et repartir ensuite frais et dispo.
 
Tu ne trouves pas cela étrange que lors de ma dernière lettre je t’expliquais tout cela et qu’aujourd’hui, je croise Zoé et quelques heures après, me voici en train de t’écrire une lettre pour t’expliquer que mes bagages sont prêts et que je serais absent un petit moment.
 
Je fais suivre mon courrier donc, tu peux répondre à cette lettre, elle me parviendra. Si le besoin s’en fait sentir, n’hésite pas à venir me rejoindre. Tu trouveras ci-dessous l’adresse de ce charmant chalet.
 
Au plaisir de te lire mon ami.
 
Amicalement ton,
 
Victor LADOU. »
 
« Mon très cher Victor,
 
Je viens à peine de recevoir ton courrier et j’espère que le mien ne te parviendra pas trop tard. Je connais parfaitement la région de Bararkhaamville et le petit chalet dont t’a parlé celle dont je ne prononcerais pas le nom pour les raisons que tu connais.
 
Je tiens à te mettre en garde concernant cet endroit. Les histoires que tu as sans nul doute entendues sont en grande partie vraies. Pour y avoir fait un court séjour, je te conseille vivement de quitter de suite les lieux.
 
En effet, il y a quelque chose de malsain de tapi dans cette région. Et je ne dis pas seulement ça car elle se situe en Aveyron, mais parce que c’est ce que j’y ai ressenti. Je n’y ai passé qu’une seule semaine, après avoir fini le challenge NaNoWriMo, car tout comme toi j’avais besoin de me reposer, mais je n’en garde pas un bon souvenir.
 
Une étrange impression, comme si un ancien dieu dont le nom est imprononçable et dont la vision suffirait à te rendre fou, une abomination tombée des étoiles, était endormi et n’attendait qu’une chose, de se réveiller.
 
Je sais que mes propos peuvent te paraitre complètement insensés, mais crois-moi sur parole mon ami, quitte ces lieux tant que tu le peux encore. Et comme je te l’ai déjà dit, si tu as besoin de te reposer, viens plutôt à la maison. C’est avec grand plaisir que tu y seras reçu.
 
Si je n’ai pas de tes nouvelles d’ici une semaine, je viendrais te chercher moi-même et te tirer des griffes néfastes de l’endroit où tu te trouves. Je te supplie pour l’amour de moi de m’écouter et de fuir au plus vite.
 
Légèrement inquiet ton,
 
Gator. »
 
« Gator, mon très cher ami,
 
Que ferais-je sans toi ? Toi qui a toujours été là pour moi et qui prends soin de moi aussi bien qu’une mère poule. Tu te mets la rate au court bouillon pour rien.
 
Le cadre est idyllique. La cabane fort accueillante et chaleureuse. Cela fait déjà cinq jours que je suis là et je me sens déjà reposé. Je me plais énormément ici. Le silence qui m’entoure, la nature. Tout le cadre est merveilleux.
 
Je n’ai rien ressenti de tout ce que tu m’as décrit. Ni cette étrange impression, ni le côté malsain ou une quelconque créature néfaste et ancienne. Je me demande si tout cela n’est pas lié à la personne à cause de qui tu as vécu cette expérience.
 
Je ne remets pas en cause ton jugement, ni tes conseils qui ont toujours été fort judicieux pour moi, mais je sais que si tu t’étais réfugié loin du monde, ce n’était pas seulement pour te remettre du challenge du NaNoWriMo.
 
D’ailleurs, si ma mémoire est bonne, n’est tu pas revenu de ton court séjour dans ces terres aveyronnaises que tu considères comme maudites avec un nouveau roman qui a rencontré un franc succès ?
 
Certes, il m’arrive par moments d’entendre une espèce de litanie incessante et je ne te cacherais que l’angle de la chambre m’obsède, et que par moment, il me semble ne pas être seul, mais il s’agit là de symptômes liés à mon état psychique.
 
Je vais écourter ma lettre mon ami, car je souhaiterais allumer un bon feu de cheminée, me doucher et manger un bout avant de me replonger dans un livre fort passionnant que j’ai trouvé dans la bibliothèque et que je prends plaisir à lire tous les soirs confortablement installé dans un fauteuil de cuir rouge.
 
Je t’embrasse et espère te revoir bientôt. Le changement opéré par cet endroit magique étant absolument fabuleux, je reste persuadé que tu ne me reconnaitrais pas et que tu aurais du mal tant ce lieu m’a transformé.
 
Bien à toi,
 
Ton ami Victor LADOU. »
 
« Mon très cher Victor,
 
Je viens de lire ta dernière lettre et j’ai peur qu’il ne soit déjà trop tard pour te sauver. Effectivement, tu as bien changé et une inquiétante transformation est en train de se produire en toi.
 
Tu es parti en vacances, fatigué et déprimé suite aux derniers évènements qui te sont arrivés. Mais tu dois te ressaisir et aller de l’avant. Tu ne peux pas rester caché indéfiniment dans une cabane perdue au fond des bois.
 
Mon ami, je t’en prie, ne te laisse pas aller. Bats-toi. Fuis cette cabane au plus vite, avant que tu ne t’y retrouves définitivement prisonnier et que tu ne puisses t’échapper de son influence qui te paraît bénéfique mais qui est en train de te corrompre.
 
Ne vois-tu pas que tu es au bord de la folie et que tu continues à t’enfoncer et à t’abimer dans un abysse d’insanité ? Ne vois pas tu pas que le mur de ta raison est déjà bien fissuré et qu’il suffirait d’un rien pour qu’il s’écroule ?
 
Tu penses que je m’inquiète inutilement, c’est ça ? Tu crois que ma réaction est exagérée ? Mais il n’en est rien. Tu ne t’en sûrement pas rendu compte, mais c’est à toi-même, donc à moi, que tu écris ces lettres.
 
Je suis aussi désolé de te le dire, mais je n’existe pas. C’est toi qui a fini le challenge du NaNoWriMo. C’est toi qui a écrit un roman dans cette cabane. Je ne suis qu’une création de ton esprit malade dans le but d’essayer de te sauver et d’éviter ton autodestruction. Et je sais qu’au fond de toi, tu connais cette terrible vérité que tu te refuses à affronter pour tant.
 
Je le sais car, tout comme moi je suis toi, tu es aussi une partie de moi.
 
C’est pourquoi je te le supplie mon ami, prends tes cachets contre la schizophrénie.
 
Quoi qu’il arrive, et qu’elle que soit ta décision, je te dis adieu mon ami.
 
Gator. »
                                                                                                                                           
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents