NaNoWriMo 2016 : Day#16

Jour 16 : Mémoires d’un tarnais

Ce matin, comme tous les matins depuis plusieurs années, je me suis levé d’humeur mouffut et je suis allé acheter une baguette de pain pas trop cuite.

Sauf que ce matin, n’est pas un matin comme les autres, car aujourd’hui, ma vie de moi, Victor LADOU, va changer.

J’arrives dans ma boulangerie favorite et, pris d’une soudaine envie irrésistible, je décide de modifier mes habitudes et d’acheter des viennoiseries pour mon petit-déjeuner. J’ignore encore à quel point ce simple geste anodin va bouleverser mon existence.

Je m’approche du comptoir et ma boulangère me tend une baguette de pain pas trop cuite que je refuse d’un geste de la main.

« - Je vais plutôt prendre des viennoiseries. Donnez-moi un croissant, un pain aux raisins et… une chocolatine aussi. J’ai très faim ce matin. »

En entendant le terme de chocolatine, la boulangère suspend son geste, la pince tenant le croissant à demi rentré dans le sac en papier recyclé qu’elle tient à la main.

« - Excusez-moi, dit-elle, vous avez bien dit « chocolatine » ?

• Oui.
• D’accord. Excusez-moi, j’avais mal entendu.
• Ce n’est pas grave.
• Vous savez quoi ?
• Non.
• Vous devriez écrire vos mémoires.
• Vous êtes sûre ?
• Absolument.
• OK. Je vais m’y atteler de suite. »

Bonjour. Je m’appelle Victor LADOU. J’ai 33 ans et je mesure 1m88 pour 77 kilos. Je suis brun aux yeux verts. Et voilà comment j’ai commencé à écrire mon autobiographie…

Je suis né il y a 33 ans dans les hautes terres tarnaises. Je ne suis pas immortel, encore que n’ayant pas encore pratiqué une ou plusieurs expériences de mort, tout dépend s’il l’on se base sur une expérience empirique ou systémique, je ne puis affirmer cette dernière phrase.

Contrairement à la plupart des mères, la mienne n’a pas accouché d’un bébé, mais a donné naissance à une légende.

L’expulsion de la douceur et du confort du ventre maternel, bien qu’étant une expérience pouvant facilement être qualifiée de légèrement traumatisante, a permis de montrer l’affirmation de mon caractère de fier tarnais.

En effet, lorsque le médecin m’a saisi par les pieds afin de me donner une petite tape sur les fesse, je me suis tourné vers lui et je lui ai dit : « si tu ne me lâche pas de suite, je porte plainte pour attouchement sur un mineur. »

La surprise l’a effectivement fait me lâcher, et je suis délicatement retombé sur mes pieds en exécutant un triple salto arrière avec une réception en ATR suivie d’une roulade avant et hop, droit comme un i.

D’autres diront que ma mère m’a rattrapé juste avant que je ne touche le sol avant de me mettre à l’abri contre son sein que je me mis à téter car l’émotion, ça creuse. Et voilà ce qui est sans nul doute à l’origine de mon complexe d’Œdipe et des grosses poitrines.

Ensuite, j’ai eu une enfance normale, avec les oreillons, la rougeole, le typhus, la scarlatine, la toxoplasmose, la myxomatose, le rhume, la grippe, la gastroentérite et la dysenterie. En clair, la plupart des maladies enfantines bégnines que l’on attrape tous.

Niveau scolarité, brillante, vous vous en doutez. A quatre ans je savais lire et écrire, à 7 ans je connaissais toutes les œuvres des grands auteurs français et à 10 ans jj’avais déjà corrigé les erreurs de calcul des théories d’Einstein.

Puis vient le collège où j’appris l’anglais, l’espagnol, l’allemand, le chinois, le russe, l’arabe, le grec, le latin, le klingon et le kobaïen. Je vous passe mes cours d’art plastiques et de technologie.

En technologie, j’ai créé un moteur à énergie quasi infinie : le moteur à fusion thermo-chaton mais, trop en avance sur mon temps, j’ai été expulsé du collège pendant trois jours pour avoir utilisé le second chat siamois du proviseur.

Le proviseur m’en voulant toujours car son premier chat ayant été utilisé pour la mise en pratique de l’expérience du chat de Schrödinger, malgré mes explications claires et précises pour lui expliquer que son chat était à la fois mort ET vivant.

Déjà à cette époque, je me heurtais à l’étroitesse d’esprit des petites gens composant mon entourage proche et non familial. Cet état de fait m’a poursuivi tout au long de ma vie et de mon existence.

Lycée classique. J’y perdais ma virginité à l’âge de quinze ans et malgré de nombreuses années de recherche, je n’ai jamais réussi à remettre la main dessus. Par la suite, j’ai pas mal expérimenté renouvelant autant que possible mes expériences sexuelles, pour le besoin de la science évidemment.

J’ai décroché mon baccalauréat avec une mention « Ouah, je ne savais même pas que l’on pouvait obtenir de telles notes au baccalauréat » et j’ai quitté le lycée avec un petit pincement au cœur et un sentiment de quête inachevée.

En effet, lorsque je suis parti poursuivre mes études supérieures, que j’ai vite rattrapées d’ailleurs, la moitié des filles de mon lycée n’avaient toujours pas connu l’orgasme. Je ne pouvais pas être partout.

A la fac, j’ai commencé à toucher à l’alcool et à la drogue. Je n’en suis pas très fier, mais il faut bien faire ses propres expériences. J’ai eu des liaisons avec certaines de mes profs et même le doyen de l’université.

Et c’est d’ailleurs le lendemain que j’ai décidé de dire définitivement non à l’alcool et à la drogue. Puis, je me suis rendu compte qu’il ne fallait pas fuir, c’est lâche, mais plutôt affronté ses démons.

Et depuis, l’alcool et la drogue souffrent d’une addiction à moi. Comme beaucoup de personnes m’ayant rencontré et même certaines ayant juste entendu parler de moi. Incroyable, non ?

Pendant ces années-là, j’ai couru et remporté plusieurs marathons. J’étais dans la fameuse et non moins célèbre fraternité de Gator dont je vite devenu un membre influent et imminent.

J’ai rédigé mon mémoire sur l’Histoire du Tarn et de la Chocolatine, ainsi qu’une thèse s’intitulant « Si Dieu a créé le bordelais, c’est pour que les deux autres cons se sentent moins seuls. »

Inutile de vous dire qu’elle fit scandale et prête aujourd’hui encore à controverse. Elle est encore largement débattue dans certaines universités à travers le monde. Mais que voulez-vous, j’ai toujours partagé les gens.

J’aime à dire que je suis comme le musc : un tiers de gens m’adorent, un tiers me détestent et le dernier tiers reste indifférent quant à ma propre personne. Que voulez-vous, tout le monde peut se tromper.

Je me souviens d’une fois où, j’ai croisé quelqu’un que je ne connaissais pas dans la rue qui m’a interpellé en me demandant si j’étais Victor LADOU. Je lui ai répond que non et la personne s’est excusée. Qu’est-ce que les gens peuvent être crédules.

Bon après, j’ai enchainé normalement avec un job dans la recherche qui m’a permis de trouver le moyen d’éradiquer totalement la musique de merde mais la pression des grandes majors a permis de faire enterre le résultat de mes recherches.

J’ai refusé le prix Nobel de littérature pour mon livre : » Sa vie, mon œuvre », le prix Nobel d’économie pour la gestion exemplaire de mon budget personnel et le prix Nobel de la Paix par pure et simple modestie.

J’ai participé à la création de plusieurs albums musicaux auprès de grands artistes, j’ai aidé à l’écriture de certains scénarios ayant reçu une plusieurs récompense (je m’excuse pour Titanic) et j’ai écrit certaines chansons qui restent en tête (je m’excuse pour la reine des neiges et son « LIbérééé, délivréé »).

J’ai, à mon grand regret, collaboré à la création de l’internet ayant entrainé le minitel dans une lente et déchirante déchéance et un arrêt total de son utilisation. Je sais parfaitement ce qu’a ressenti Einstein quand on a utilisé ses calculs pour créer la bombe atomique. Et il m’arrive encore de me réveiller en pleurs la nuit quand je repense à cette tragédie.

Surtout que j’ai aussi collaboré au développement des réseaux mobiles ayant entrainé l’arrêt de l’utilisation des services de messageries tel que tamtam ou vatoo. Et je suis donc responsable indirectement de la création du langage keekoo.

Aussi, pour me faire pardonner auprès de l’humanité, j’ai créé une brigade spéciale online, les « Grammars Nazis », afin de perpétuer une tradition familiale remontant à la 2^nde guerre mondiale.

Voilà, c’est à peu près tout ce que j’ai à vous raconter, car je pourrais vous en dire tellement plus. Comme la fois où je suis allé dans l’espace pour aider à la réparation du télescope Hubble.

Ou encore quand j’ai sauvé une famille de baleines de l’extinction, nagé avec les dauphins ou appris le kung-fu aux pandas afin qu’ils puissent se défendre dans la jungle asiatique.

Mais j’aurais trop peur de passer à vos yeux pour un menteur affabulateur pathologique à tendance mythomaniaque. Et aussi d’un cuistre pédant utilisant des phrases complexes qu’il sort en logorrhées.

C’est pourquoi je préfère m’arrêter là et ne pas vous raconter comment j’ai sauvé le soldat Ryan, j’ai retrouvé Nemo ou comment j’ai recherché Éric. Je sais que vous ne m’en tiendrez pas trop rigueur, même s’il s’agit là d’histoires fort passionnantes.

Bon, je vous laisse. Je dois aller préparer le repas car je reçois quelques copains ce soir et j’ai prévu de leur faire une raclette et je dois encore aller ramasser les pommes de terre et descendre dans ma cave pour récupérer le vin et le fromage.

En attendant, soyez maudits !