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Ma vie, son blog

Ma vie, son blog

Certaines histoires sont vraies. D'autres pourraient l'être. Et enfin, il faudrait être fou pour croire le reste véridique...


Les chaussures

Publié par Victor Ladou sur 13 Janvier 2017, 18:00pm

Catégories : #Ma vie son oeuvre

Les chaussures
L’homme est un être simple, n’ayant que deux relations obsessionnelles dans sa vie : la première avec son pénis et la seconde avec les seins. Et toute son existence ne tend que vers un seul but : pouvoir glisser l’un entre les autres. Malheureusement pour lui, s’il veut atteindre son objectif, il doit souvent se sacrifier afin de pourvoir aux besoins et exigences de sa partenaire ainsi qu’à son bien-être.
 
Bonjour. Je m’appelle Victor LADOU. J’ai 33 ans. Je mesure 1m88 pour 77 kilos. Je suis brun aux yeux verts. Et aujourd’hui, je sacrifie un emploi du temps surchargé afin d’emmener ma compagne Zoé (33 ans-1m66-55 kilos) acheter des chaussures.
 
Les chaussures. Les femmes. Une équation plus que dangereuse, tant sur le plan financier que relationnel, pouvant ébranler jusqu’aux fondations même du couple. En ce qui me concerne, je n’ai que trois paires de chaussures : une pour travailler, une pour faire du sport et une pour traîner.
 
Ma compagne est une femme et, comme la plupart des femmes d’ailleurs, comment dire cela sans faire hurler les féministes autant que lorsqu’on s’essuie aux rideaux… Si un jour, un dictionnaire avait la lourde tâche de devoir illustrer les termes d’accumulation compulsive et d’achat irrationnel, il lui suffirait de prendre en photo un dressing de femme, notamment la section chaussures et, plus particulièrement celui de la mienne…
 
Bref, je me gare sur le parking de la zone commerciale un samedi après-midi et me dirige vers le premier magasin de la longue tournée que nous allons faire. Là où je commence à m’inquiéter, c’est quand elle me dit d’une voix pleine d’assurance « Je vais rester raisonnable. »
 
Bizarrement, dans mon esprit, la femme et la raison n’ont jamais fait bon ménage. Mais je préfère garder mes craintes (et surtout mes pensées) pour moi et je prends place dans un fauteuil dont les créateurs ont jugé l’esthétisme (plus que discutable selon moi) plus important que son confort.
 
Et commence le ballet d’habillage pédestre.
 
Et je voudrais en profiter pour remercier l’inventeur de cette machine d’esclavage moderne mais totalement indispensable dans ce genre de moments, à savoir le téléphone portable. Et j’en profite pour maudire l’inventeur des réseaux qui ne fonctionnent pas dans les endroits où l’on en a le plus besoin.
 
Mes espoirs de suivre le match du SCA entre deux ballerines, baskets, bottines et que sais-je encore commençant par un « b », s’évanouissent en même temps que les phrases suivantes commencent à fuser tout autour de moi, tels des oiseaux de proies fondant sur le pauvre bougre tétanisé que je suis…
 
« Iront-elles avec mon jean ou ma robe noire ?
Vous les avez en 38?
Violine ou mauve ?
Celles-là, je les aime beaucoup, mais pas dans cette matière.
Panthère c’est joli, mais léopard c’est mieux quand-même. »
 
Fatigué, acculé, je commets une faute grossière, une erreur impardonnable, quand elle me demande ce que je pense de la paire qu’elle arbore fièrement aux pieds et que je réponds :
« J’aime bien, mais tu les as pas déjà dans cette couleur? »
 
Regard noir. Température glaciale. Un froid envahit le magasin en un instant et je comprends alors que la raison féminine a laissé place à une colère froide, implacable, destructrice.
 
« Non. »
 
Et moi, pauvre fou qui rajoute afin d’essayer de sauver la situation « Ah bon, je croyais pourtant. »
 
Pourquoi, mais pourquoi faut-il toujours que j’en rajoute ? Si seulement j’avais écouté ma pauvre mère et appris à me taire ! Les dents serrées, prête à cracher son venin, elle plante un regard sans équivoque qui plonge au plus profond de mon être afin de définir si malgré tout l’amour qu’elle peut me porter, je ne serais pas devenu fou.
 
« Non. Les autres sont des Tony Choo anthracites clairs alors que celles-ci sont des Louboutins gris souris foncés. Mais tu ne peux pas comprendre.»
 
Et sur ce, elle repart dans sa course aux achats frénétique, me laissant m’interroger sur les différences fondamentales entre les multiples nuances de gris et s’il n’existerait pas un livre là-dessus afin que je puisse m’assommer avec. Même si je me doute fortement que si tel est le cas, sa seule lecture suffirait.
 
Et enfin, loué soit le Seigneur ou qui vous voulez, elle vient me chercher en me disant qu’elle a fini. Et m’annonce toute fière qu’elle n’a acheté que sept paires de chaussures. Et quand je lui demande intrigué à quoi correspondent les autres poches que je porte, elle me répond que ce sont les sacs-à-main pour aller avec ses chaussures.
 
Voyant ma mine dépitée, elle me glisse à l’oreille qu’elle a aussi acheté un ensemble de sous-vêtements affriolants pour aller avec ses escarpins et que si je suis sage, elle les essaiera ce soir. Avant d’ajouter, désolée, que non, parce qu’elle a ses règles. Mais qu’elle saura quand même me donner satisfaction.
 
Et quand vient le soir, je ne peux m’empêcher de sourire, heureux.
 
Bonjour. Je m’appelle Victor LADOU et j’ai atteint mon but…

L'illustration de cet article a été réalisé par ma compagne avec qui je forme les célèbres Cosmic Twins Bastards...

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M
Je sais dorénavant que Zoé en plus d'écrire très bien dessine, et chausse du 38. <br /> (J'ai décidé de me la jouer psychopathe.)
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