Les fourmis

Depuis la nuit des temps, les hommes contemplent les cieux. Domaine des Dieux, boussole des marins, auberge des voyageurs, le ciel nocturne a inspiré plus d’un poète pendant que son astre lunaire veille sur les amoureux et protège notre sommeil.

Bonjour. Je m’appelle Victor LADOU. J’ai 44 ans et je mesure 1m88 pour 77 kilos. Je suis brun aux yeux verts. Et aujourd’hui, je suis d’humeur bucolique…

Je me promène dans la campagne tarnaise, suivant les sentiers seulement éclairés par un magnifique clair de lune, respirant à pleins poumons toutes les senteurs boisées que la nature m’offre, entouré par les milles pztits bruits de la vie animale nocturne.

Je m’arrête un instant et comme mes ancêtres avant moi, je lève les yeux pour contempler le ciel étoilé tout en baissant ma braguette et j’admire la beauté des astres nocturnes tout en soulageant ma vessie.

Quand on pense que les étoiles que l’on regarde sont les même depuis des millénaires et pourtant, certaines ont cessé d’exister bien avant que leur lumière ne nous arrive. Elles sont aussi mortes que nos rêves.

J’aperçois une étoile filante et je me prends à faire un vœu tout en sachant parfaitement que ce dernier ne se réalisera jamais. Et le fait qu’il s’agisse en réalité d’une lumière d’avion y est pour beaucoup.

Que sommes-nous à l’image de l’univers ? Des fourmis. Et encore, c’est nous donner beaucoup plus d’importance que nous n’en n’avons. S’il le souhaite, il peut nous détruire aussi facilement que cette fourmilière que j’arrose de mon jet.

Je vois les fourmis qui commencent déjà sortir afin d’essayer de réparer les dégâts que je suis en train d’occasionner. Est-ce pour elles une catastrophe naturelle ou sont-elles en train de se dire qu’il s’agit d’un courroux divin ?

Et moi, pauvre idiot en train de s’amuser à faire pipi sur des insectes, est-ce que les étoiles qui m’entourent ne sont pas en train de me juger et de préparer méticuleusement une vengeance cosmique ?

Ces fourmis sont à mes yeux les représentantes du monde de l’infiniment petit, mais est-ce que je représente pour elles le monde de l’infiniment grand ? Ont-elles conscience de moi ou bien leur vision se limite-t’elle seulement à l’urine qui s’abat sur leurs têtes ?

Et en ce qui me concerne ? Est-ce que les quelques gouttes de pluie que je sens tomber ne sont que les prémices d’un orage d’été ou bien est-ce qu’un être infiniment grand est en train de me pisser dessus ?

Bon, dans tous les cas, faut que je me presse parce que j’ai encore trois kilomètres à faire avant de pouvoir remplir mon bidon d’essence…